«On sait où tu habites. Réponds sale pute. Salope. Tu ferais mieux de te faire euthanasier.»
Voilà des exemples, un infime échantillon parmi la vague de menaces et d’insultes que reçoivent les victimes de cyberharcèlement. Parce que ce n’est pas un ou dix messages qu’elles reçoivent, mais des centaines, voire des milliers. Parmi elles, beaucoup de femmes, et beaucoup de femmes journalistes.
C’est quoi, le cyberharcèlement ?
Le harcèlement en ligne consiste à intimider ou à humilier de façon répétitive une personne à travers Internet. Pour connaître ce que dit la loi, vous pouvez consulter l’Article 222-33-2-2 du Code pénal. Mais sachez déjà que le cyberharcèlement est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.
Les discours haineux, la diffamation et les trolls représentent peut être la technique la plus utilisée. Ce sont alors les messages envoyés via boite mails, messageries instantanées, sms, réseaux sociaux, mais aussi les rumeurs, la diffamation ou les moqueries.
L’usurpation d’identité, notamment via la création de faux profils, de fausses adresses mails en se faisant passer pour un autre est aussi usitée. Comme le canular téléphonique ou encore le revenge porn (diffusion d’images intimes). Il y a aussi la technique du doxing où des données sont récoltées sur le net pour nuire à la personne (comme la diffusion de son adresse postale). Le stalking est aussi une technique : la personne traque sa proie, et lui fait comprendre qu’elle n’est jamais loin.
Comment se protéger du cyberharcèlement ?
Tout d’abord, mieux vaut limiter (pour maîtriser) l’accès à nos informations sur les réseaux sociaux. Sur Facebook et Instagram, dans les paramètres, il est possible de bloquer les demandes d’ajouts en ami, de limiter la vue des publications à la liste d’amis, de bloquer le partage, etc.
Pour ne pas voir les chiffres sur le nombre de likes, commentaires ou partages (des chiffres colossaux et anxiogènes en cas de cyberharcèlement), installez également l’extension Demetricator sur Facebook, Instagram ou Twitter (ou les 3).
Dans les paramètres de Twitter, il est possible de masquer les notifications des personnes, qui ne vous suivent pas, qui ont une photo de profil par défaut ou encore qui n’ont pas confirmé leur adresse email.
La technique du soft block est aussi votre alliée. Il s’agit de bloquer et débloquer une personne tout de suite après, pour le supprimer de vos followers sans qu’il en soit informé. Vos messages ne remonteront alors plus dans sa timeline.
Bien sûr, on parle ici de manière de se prémunir, et d’apaiser, pour la victime, les vagues de messages. Vous pouvez aussi signaler les publications haineuses auprès des sites en questions. C’est également valable aussi pour les témoins. Vous pouvez demander auprès de la plateforme le retrait des publications, qui doit agir en moins de 24 heures, conformément à la loi Avia. Surtout, prenez-les en photo. Cela sera utile si vous portez plainte, et si possible en présence d’huissiers.
Voilà des moyens de signaler du cyberharcèlement, en dehors des sites où il a lieu : le programme Pharos, saisir le procureur directement, se rendre à la gendarmerie (développement du grade gendarme’N’Tech) ou auprès de la police.
Nous vous avons parlé de solutions à échelle individuelle. Les entreprises peuvent aussi agir, ainsi que les témoins. Pour les premières, renseignez-vous sur ce qui a été mis en place, comme une charte.
Pour aller plus loin : l’association Prenons la Une a publié un document qui apporte davantage de détails sur les solutions contre le harcèlement en ligne des femmes journalistes.
A venir chez Nothing2Hide
Pour continuer dans la droite ligne de cet édito, à l’occasion de la journée des droits des femmes nous organisons avec Prenons la Une :
- une table ronde sur le cyberharcèlement des femmes journalistes le 8 mars à 19h00 (inscriptions en ligne) ;
- un atelier pour apprendre à se prémunir et réagir en cas de harcèlement en ligne le 13 mars à 14h (inscriptions à venir).
Et comme avec le printemps on se prend d’une boulimie d’activité, le 13 mars à 10h00, nous serons à la médiathèque de Suresnes pour un débat atelier de sensibilisation sur la fabrique de l’info et la lutte contre la désinformation. Avec un peu de chance ce sera en présentiel/ Suresnois, suresnoises, on se retrouve là-bas !
Revue de presse
- Le New-York Times démontre avec brio comment il a réussi à identifier les émeutiers du Capitole grâce à une base de données…non sécurisée (La Croix en parle aussi, pour une version française)
- Firefox devient LE navigateur à utiliser contre le tracking commercial avec deux nouvelles fonctionnalités : la protection contre les “super cookies” et la compartimentation des cookies. Alors n’hésitez plus et lâcher Chrome, ce parasite qui balance toutes vos données à Google.
- Et puisqu’on parle de changer d’outil, si vous utilisez un gestionnaire de mot de passe et que celui se trouve être LastPass, changez en immédiatement. LastPass vous espionne à votre insu (dans sa version gratuie ET payante) et récupère les catégories de chaque nouveau mot de passe que vous créez, ce qui est pour le moins intrusif.
- Cocorico : la France se hisse en 6e position dans le classement des pays qui ont infligé le plus d’amendes au titre du RGPD. L’Usine Digitale nous en dit plus sur ceux qui n’ont pas assuré pour la protection de nos données personnelles. Besoin d’un rappel sur le règlement général sur la protection des données? C’est ici !
À propos de Nothing2Hide
Nothing2Hide (N2H) est une association qui s’est donnée comme objectif de fournir aux journalistes, avocats, militants des droits humains et “simples” citoyens les moyens de protéger leurs données et leurs communications, en leur apportant des solutions techniques et des formations adaptées à chaque contexte. Notre vision est de mettre la technologie au service de la diffusion et de la protection de l’information afin de renforcer les démocraties partout dans le monde.
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